Tendre vers un mode de vie autosuffisant à la Baie-James : la méthode de Félix Pigeon.

Publié dans Articles Nord-du-Québec , par Majorie Lacombe des Filles du Nord

Toujours dans le cadre du Défi 100 % local,  j’ai cru pertinent de m’entretenir avec Félix Pigeon, un ancien avocat de formation qui a pris la décision de quitter le droit et de s’installer en forêt à Chibougamau pour tendre vers un mode de vie autosuffisant. À la Baie-James, ce n’est pas les richesses naturelles qui manquent et ce dernier souhaite tirer profit au maximum de ce qu’offre son territoire.

«Je pêche, je chasse, je cueille, je construis, je lis… Je n’ai pas d’emploi, mais je n’ai jamais autant travaillé! Je carbure sur la passion de mes rêves devenant et devenus réalités.»

Félix chasse le lièvre,  l’ours et la perdrix, plus précisément le tétras du Canada, la gélinotte huppée et le lagopède. Prochainement, il compte entreprendre la chasse au canard, et celle à l’orignal.

Quant à la trappe, il faut savoir qu’elle est réservée aux autochtones en Jamésie. Cet aventurier se déplace alors plus au sud du Québec pour trapper le castor et le lynx et envisage de commencer à trapper l’ours cet automne.

À son menu protéiné, Félix ajoute aussi du doré, du brochet, de la lotte ainsi que de la truite grise et mouchetée.

L’hiver, il conserve sa viande et son poisson sur son balcon dans des glacières et privilégie le cannage pour les autres saisons. : «Je me suis fait une espèce de frigidaire souterrain que j’ai bâti par-dessus un petit ruisseau qui coule sous la mousse et les racines. Ce ruisseau reste toujours froid, donc permet de refroidir la nourriture. Je mets les aliments qui doivent être le mieux conserver dans des plats fermés, et ce, directement dans ce ruisseau souterrain.»

Au printemps, Félix récolte les nouvelles pousses d’épinettes pour en faire de la bière qu’il obtient en fermentant du sucre et de la levure. Ce dernier cueille aussi les aiguilles de sapin pour en faire un sirop qui sert notamment à sucrer son café ou aromatiser ses cocktails. À titre indicatif, le sapin est reconnu pour ses propriétés médicinales et Félix utilise sa sève pour soulager ses maux de gorge ou comme antiseptique naturel. Pour ce faire, il perce l’écorces des vésicules avec un outil appelé picoué pour récolter la gomme de sapin.

Les petits fruits sont aussi des aliments à l’honneur dans son alimentation. Au nord, les talles de bleuets y sont abondantes, mais Félix ne délaisse pas pour autant la cueillette de framboises, de la chicoutai, du cornouiller du Canada et du fruit de la gaulthérie hispide.

L’été, il en profite pour cueillir des coeurs de quenouilles qu’il mange après qu’ils aient cuit dans la poêle. Les pousses de différents conifères tels que sapins, épinettes et mélèzes servent entre autres à agrémenter ses tisanes. Il infuse aussi le thé du labrador, le petit thé des bois, l’épilobe et les pétales de rose.

En ce qui à trait aux espèces de champignons, la liste est longue : champignon tortue, champignon crabe, chanterelle en tube, lactaire saumoné et des épinettes, hydne ombiliqué, pholiote ridée, matsutake et plusieurs sortes de bolets. Une fois cueilli, il fait sécher les champignons et les plantes pour les conserver.

Finalement, j’ai demandé à Félix s’il considérait que c’était plutôt accessible de s’alimenter avec des aliments du terroir,  voici sa réponse :  «Ce n’est pas facile comme question, car cela  dépend de quelle portion de l’alimentation. C’est très accessible d’aller pêcher, chasser ou cueillir, il faut seulement être curieux et s’y intéresser. Le succès dépend toutefois de la connaissance et de l’expérience. C’est facile d’avoir de la nourriture forestière dans son assiette. Toutefois, être à 100 % autosuffisant devient presque un travail à temps plein.»

Il suggère à ceux qui aimeraient en apprendre davantage à se joindre à des groupes Facebook qui traitent des sujets désirés. Celui des Champignons du Québec est un bon exemple.

 


 

Filles du Nord, est un blogue pour découvrir de nouveaux endroits et pour partager la réalité de vivre en région. Le collectif regroupe des ambassadrices (et des ambassadeurs!) qui proviennent des 4 coins du Québec et qui partagent leurs réflexions, coups de coeur et expériences à travers des récits uniques..